Questions à Érik L’Homme
Un entretien réalisé par Guillemot, Mörgane, Violaine, Ægir, Jasper et Léonie.

— Bonjour Erik ! Est-ce que tu nous reconnais ?
— Je crois bien… Toi, le garçon à la sacoche, tu es Guillemot de Troïl, le jeune sorcier du « Livre des Étoiles ». Toi, la fille aux yeux de métal, tu es Mörgane, la Devineresse des « Maîtres des Brisants », et toi, au regard halluciné, tu es Violaine, la fille qui dompte les dragons dans « Phaenomen ». Toi, le garçon à la peau d’ours, tu es Ægir, héritier de « Terre-Dragon ». Toi, qui sens le souffre, tu es Jasper, l’infernal joueur de cornemuse de « l’Association ». Et toi, avec ta tignasse rousse, tu es Léonie, la fille qui a accompagné Victor et Fanch dans « Le Grand Voyage »…
— Pas mal pour un vieil écrivain !
— Eh, un peu de respect ! Je vous ai tous imaginés, vous êtes pour ainsi dire mes enfants.
— C’est pour ça que tu nous connais si bien. Le problème, c’est que nous on ne sait pas grand-chose sur toi…
— …à part que tu as le chic pour nous entraîner dans des aventures pas possibles…
— …et qu’on a tous failli y laisser notre peau !
— De quoi vous vous plaignez ? Vous êtes toujours vivants, non ? J’ai fait ça pour vous aider à grandir. Les épreuves que vous avez surmontées vous ont rendus meilleurs.
— C’est une théorie…
— D’ailleurs, puisqu’on parle d’épreuves, voilà ce qu’on va faire : on va te poser des questions et toi tu vas y répondre…
— …mais sans écrire un roman à chaque fois, hein ?
— Hum. Est-ce que j’ai le choix ?
— Si tu refuses, on se relaie tous les six dans ta tête pour chanter « Frère Jacques » jour et nuit.
— D’accord ! Je vais répondre à vos questions. Ça m’apprendra à créer des personnages aussi têtus. Heureusement que vous n’êtes pas tous venus…
— On commence : quelle est la première chose à laquelle tu penses le matin ?
— Que vais-je voir de beau aujourd’hui ?
— Et la dernière, quand tu te couches ?
— Pourvu que je fasse un joli rêve !
— Qu’est-ce qui te fait sortir du lit le matin ?
— Tu veux dire, en dehors des cris des enfants ? L’odeur du café ! Et puis la peur de ne pas assez profiter de ma journée…
— Quand tu n’écris pas, tu fais quoi de tes dix doigts ?
— Je les enferme dans des gants de boxe… Quand je ne les utilise pas pour tenir des bâtons de marche, un livre de mille pages, ou ma fille contre mon cœur !
— Allons plus loin ! Dans la vie, à part l’écriture bien sûr, qu’est-ce que tu aimes ?
— En vrac alors, parce qu’il y a beaucoup (trop) de choses ! Le bruit de mon ordinateur quand il s’allume. Un beau combat sur le ring. Une jolie mazurka. Le crissement de mes skis de fond sur une piste bordée de sapins. Une nuit à la belle étoile après une longue journée de marche, en regardant le feu s’éteindre doucement. Les sourires de ma fille. Les bras de ma chérie autour de mon cou.
— Il y a quelque chose qui te fait tourner la tête ? Réponds sans réfléchir !
— Le vent sur mon visage au sommet de la montagne.
— Qu’est-ce qu’il y a sur ta table de nuit ?
— Une lampe de poche, un livre corné et une poignée de cailloux pour retrouver mon chemin.
— Il y a quelqu’un que tu admires ?
— Celui que Diogène cherchait en vain avec sa lanterne en plein jour : l’homme ou la femme essayant de vivre en liberté, selon ses propres normes, en suivant son propre chemin.
— Quel est ton péché mignon ?
— Paresser dans une chaise longue l’été à l’ombre d’un tilleul.
— Est-ce que tu as une devise, une citation qui t’aide à avancer ?
— Pour avancer, celle des cavaliers est pas mal et me convient tout à fait : « En avant, calme et droit » !
— Qu’est-ce que tu chantes sous la douche ?
— Je ne chante pas, j’écoute le bruit de l’eau, l’eau a toujours des choses à dire.
— Qu’est-ce que tu dis quand tu te cognes le petit orteil gauche ?
— Arghhhhhhhhh !
— Quelle est la chose la plus dingue que tu comptes faire prochainement ?
— Tu veux dire, à part réussir à endormir ma fille ? Alors disons écrire un nouveau roman.
— Quelle est la question qu’il ne faut surtout pas te poser ?
— D’où vient ton inspiration ?
— Et toi, tu as une question à nous poser ?
— A vrai dire, oui, après vous avoir entendus jacasser tout ce temps : quelle épaisseur a le silence ?
— Facile : celle des jours passés sans écrire !
— Petits finots, va. Ouste, maintenant, j’ai du travail !
— A bientôt !!!!!!
— A bientôt mes trésors…